Date de Parution : 02 Octobre 2019
LE BILLET DE JUJU :
Sourire puisque c’est grave.
C’est un domaine dans lequel Jean-Louis Fournier excelle. La gravité qui fait sourire. Je me souviens avoir lu, avec beaucoup d’émotions, deux de ses ouvrages, Où On Va Papa ? et Veuf.
Ici, il va évoquer la solitude. Celle du grand âge. Celle des hommes qui deviennent vieux.
Jean-Louis Fournier offre une plume tendre et délicate et se raconte, encore, avec cette nonchalance étudiée qui fait mouche, chez moi, à chaque fois !
Il contemple ainsi sa propose déchéance, pose un regard mordant sur ce qu’il est, sur ce qu’il ne sera pas. Sur l’absence de l’autre, cette solitude de l’espace et du temps qui passe. Dans de courts chapitres, il évoque une vie faite de moments de solitude.
Jamais affecté, ni condescendant avec lui-même, il évoque la vie, la sienne et la nôtre.
Un récit comme une rencontre. Une entrevue pour entrevoir. Des bribes. Des confidences. Entre un auteur et son lecteur. On écoute Jean-Louis Fournier. On sourit. On s’émeut. On s’étonne. On se retrouve dans ces mots.
La solitude comme drapeau, comme fil conducteur. Celle de l’enfance, celle de l’amour. Celle qui brûle, plus ou moins fort, à certains moments de l’existence. Une compagne, amère et étonnamment réconfortante à l’occasion.
Essai autobiographique et universel d’une réalité parfois douloureuse. Mordante. J’ai aimé cette façon de ne pas s’apitoyer tout en étant parfois terriblement émouvant.
Cette fameuse solitude revêt des couleurs différentes, un peu bouleversantes. L’isolement lorsqu’on vieillit. L’éloignement avec ceux que l’on aime. La perte définitive. L’exil pour se trouver. La joie de ne pas être multiple. Le choix de ne pas faire comme tout le monde. De s’abriter de l’autre. La différence, qui isole.
J’avais en tête, comme souvent, une chanson, tout au long de ma lecture.
Les uns contre les autres.
« Mais au bout du compte, on se rend compte, qu’on est toujours tout seul au monde. »
Mais nous ne sommes pas les seuls. A être seuls.
LE RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR:
Le premier souvenir de solitude ? Un petit garçon coiffé en brosse qui réclame sa mère à l’accueil d’un grand magasin.
Plus tard, c’est un enfant de 10 ans qui nage seul dans la mer du nord et qui lorsqu’il se retourne découvre la plage vide : personne ne l’a attendu. Puis c’est la première danse refusée, la première rupture, le premier deuil, mais c’est aussi tous ces moments choisis, voulus, espérés, goutés : seul avec un livre, avec une musique, seul à regarder les autres, seul en écrivant. Jean-Louis Fournier est toujours ce petit garçon, fils unique qui rêvait d’amitiés et d’une grande famille mais qui espérait aussi s’échapper, grandir, rester seul.
Aujourd’hui dans un grand appartement, après la mort de sa femme, de ses amis, de son éditeur, ce désir des autres et ce besoin de solitude sont restés les mêmes et il passe de l’un à l’autre. Avec un mélange de douceur, de tristesse et d’espièglerie, il regarde les fenêtres toujours fermées de ses voisins (des gens seuls comme lui ?), il observe ce monde où les hommes sont ultra connectés et semblent n’avoir jamais été aussi seuls, il attend la visite d’une jeune femme qui l’emmène au musée, qui le distrait, lui apporte sa jeunesse : mais des deux qui est le plus seul ?
Un livre tendre, délicat, mélancolique parfois qui ressemble à une aquarelle de Turner et à un dessin de Sempé.
Belle chronique pour un livre qui m’a aussi beaucoup émue ! Bon WE
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