Date de Parution : 04 Septembre 2019
LE BILLET DE JUJU :
La fumée.
Celle qui embrume le regard. Celle qui bouche des horizons. Celle qui voile tout.
Elle est partout dans ce roman.
Elle empêche de voir, de se voir. Elle salit tout autour d’elle. Elle embrume les cerveaux. Elle brûle dans les yeux de cette femme à genou …
A peine si on distingue Philippe, anti-héros malgré lui d’une fable cruelle et moderne. Perdu entre les tours de cette ville tentaculaire, de ces quartiers oubliés.
Philippe a dix-huit ans et à l’âge de tous les possibles, tout lui semble bouché. Il traîne en bas des tours, une certaine forme de désespoir mais une envie d’accomplir quelque chose. Même s’il ne sait pas exactement quoi.
Il traîne. Au fil des pages. Au milieu d’une galerie de personnages étranges et pourtant si quotidiens. Le lecteur s’arrête et regarde enfin vers ces endroits où il a plutôt l’habitude de détourner les yeux.
C’est dur. Lorsque personne ne semble tendre la main. Lorsque la famille tourne le dos. Que la société vous ignore. Le béton à en perdre la vue …
C’est un roman sur l’absurde ironie d’exister. Sur les détresses invisibles.
J’ai aimé ma lecture. Elle pique un peu. Elle étonne et détonne dans le paysage littéraire. Ni tout à fait roman noir, ni tout à fait critique sociale. Doux amer. Un roman désenchanté qui laisse un goût amer. Celui de l’échec d’une certaine humanité.
Nathalie Sauvagnac laisse entendre une voix originale, singulière et percutante, pleine de vérité. Un regard sur ceux qu’on ne voit pas, perdus dans les volutes de ces quartiers oubliés.
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR :
Au centre, il y a Philippe. Philippe qui vit dans une cité et passe ses journées à traîner, fumer et piquer des bières au centre commercial. Philippe, entouré d’une mère qui le déteste ouvertement, d’un père effacé qui a renoncé depuis longtemps et d’un frère aussi beau que bête.
À côté, il y a Bruno, son pote baroudeur et destroy. Bruno qui raconte qu’il a fait le tour du monde, a connu les plus belles femmes, qu’il n’est là que de passage, avant son prochain voyage.
Autour, il y a Gros Riton, P’tit Louis, Mme Piccini, La Vieille, Flora avec ses seins d’enfant et Anne, la plus moche des moches. Et puis il y a les canards du parc qui s’étouffent avec des bouts de plastique, les grues et les murs qui tiennent avec les dealers, les gamins qui crient trop fort aux pieds des barres d’immeubles.
Les petites violences du quotidien n’atteignent pas Philippe, tant qu’il y a de la bière et les histoires de Bruno pour inventer un autre horizon que celui des tours de béton.
Jusqu’à ce qu’un drame vienne pulvériser son équilibre de papier et déclenche la bombe à retardement…
Avec Les Yeux fumés, Nathalie Sauvagnac donne voix aux oubliés de cette France périphérique et raconte l’errance jusqu’à la perdition, l’impossible passage à l’âge adulte.