Date de Parution : 22 Janvier 2020
LE BILLET DE JUJU :
De Sophie de Baere, j’avais adoré le premier roman, La Dérobée.
Je la retrouve ici et j’étais très impatient.
Ce livre est un album de photographies. Vous savez, ces grands ouvrages, un peu abîmés par le temps, la vie et les souvenirs qu’ils contiennent.
C’est une vie entière que Sophie de Baere entreprend de raconter.
Sur les photographies, il y a Alice. Petite fille esseulée par un père parti trop vite. Adolescente, reine de beauté, apprêtée jusqu’à l’obsession par une mère avide de prendre sa revanche sur l’existence. Jeune mariée, heureuse et ivre du grand amour.
Puis les photos se font rares. Comme si la vie s’arrêtait là. Reste quelques clichés de l’ennui, d’une femme abandonnée d’elle-même, follement seule. Et cette grand-mère qui sourit un peu sur la dernière page …
Que j’aime lorsque la littérature me surprend ainsi ! Car au premier tiers de l’ouvrage et jusqu’à sa révélation brutale, dont on ne parlera pas ici, je ne suis pas convaincu. Je m’agace un peu même. Ces hasards un peu faciles m’égratignent la rétine. Et pourtant, la curiosité l’emporte et je continue.
Quelle bonne idée puisque je l’ai dévoré jusqu’à la dernière page au final.
C’est compliqué de parler de ce livre, tant on ne peut rien dire mais juste dire que si Sophie s’attaque à un sujet hautement casse-gueule, elle arrive à écrie des pages merveilleuses sur l’amour, le grand, le fort, le vivant.
Ce roman captive aussi par ses personnages secondaires, qui sont dépeint avec une belle force, un vrai élan, qui les rend terriblement justes, vivants.
Au-delà du livre, c’est l’écriture de Sophie de Baere que je retrouve et je confirme qu’elle fonctionne divinement sur moi. Ses mots comme une caresse. Ses mots comme une claque.
J’ai tourné les pages, j’ai regardé ces instantanés d’une vie terrible. J’ai été touché par tous les héros cassés par le destin qui peuplent ce livre.
Une histoire de corps donc, abîmés, de corps étrangers, de corps qui palpitent.
De corps conjugaux qui se conjuguent d’absence à l’infini.
LE RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR:
Fille d’immigrés italiens, Alice Callandri consacre son enfance et son adolescence à prendre la pose pour des catalogues publicitaires et à défiler lors de concours de beauté. Mais, à dix-huit ans, elle part étudier à Paris. Elle y rencontre Jean. Ils s’aiment intensément, fondent une famille, se marient. Pourtant, quelques jours après la cérémonie, Alice disparaît. Les années passent mais pas les questions. Qu’est-elle devenue ? Pourquoi Alice a-t-elle abandonné son bonheur parfait, son immense amour, sa fille de dix ans ?
Portrait de femme bouleversant, histoire d’un amour fou, secrets d’une famille de province : ce texte fort et poétique questionne l’un des plus grands tabous et notre part d’humanité.