Mon héros préféré

On se dit que ça ne durera pas. On se dit que sept ans, c’est un trop grand écart mais on s’offre quand même une première danse. Alors on court les pavés, on s’embrasse dans la rue, on se fout des passants. On dévide le temps qui reste jusqu’à ce qu’on devienne raisonnables.

On se parle du monde et on s’en refait un. On vide nos malles et on se déménage. On se crée des sapins de Noel en papier, on monte des étages et on descend des verres de vodka orange. On danse et on s’embrasse comme on s’embrase encore.

On regarde autour de nous. Le monde est bizarre. Le monde se trompe. On se serre encore plus fort et on le détrompe. Le monde triche et on passe entre les doutes. On mange des pizzas, on fait des régimes, on croque la vie. Sept ans, ce n’est rien, devant la vie qui nous attend.

On se donne du mal pour se donner du bien. On ne transige pas. On s’exige chaque jour. Et en dehors de nous, c’est la vie qui passe. On se lasse de tout, jamais de nous. On se donne de l’air, on connaît notre chanson.

On rit, on se tient à l’abri, on danse sous la pluie. On tourne sur nous-même. On pirouette. On tient des promesses qu’on ne s’est jamais faites. On ne fait pas d’enfant mais on regarde grandir nos princesses. On va au spectacle, on fait le show, on fait les beaux. On rit de tout, surtout de nous.

On promène le chien, on remplit notre répertoire de blagues à deux balles, on vide les étagères et on remplit nos valises. On visite le monde, on se nourrit de lui, on se chamaille un peu, peut-être pour la forme.

On ne revendique rien mais on se fait entendre. On ne se montre pas mais on ne se cache pas. On ne se dit pas mais on ne se tait pas.

On savoure cette chance. D’avoir bâti, de nous être construit ensemble. On s’étonne chaque jour et on se redonne courage.

Dans un mois, tu auras trente-cinq ans. J’en aurai quarante-deux bientôt.

Et on se rencontre, encore.