Le Dernier Enfant – Philippe Besson

C’est l’histoire d’une mère. Une histoire, banale à pleurer, belle à chialer. C’est l’histoire d’un enfant, d’un grand garçon, qui quitte le nid.

Ce matin, Théo part, oui, il déménage, il s’en va vivre ailleurs.

La dernière fois que j’ai lu Besson, c’était le temps d’un dîner. Ici, tout se déroule sur une journée. Le temps d’un déménagement, d’un emménagement, le temps de tout bouleverser pour cette mère qui laisse partir le petit dernier, le temps de voir sa terre trembler de l’intérieur.

J’ai été ému par cette mère, simple et follement réelle, Anne-Marie.

Anne-Marie. C’est le prénom de cette madame tout le monde à qui Besson donne de la voix comme personne. Anne-Marie, c’est un prénom d’anti-héroïne. Ou alors de celles qu’on croise dans la vraie vie. Ni Scarlett, ni Juliette ou Bérénice, juste Anne-Marie.

« Elle dit : « C’est passé vite quand on y pense. »

Elle parle de la vie. Elle parle de sa vie. »

Une fois de plus, Philippe Besson, horloger de l’intime, dissèque les rouages de ce qui se cache à l’intérieur des êtres. Ces émotions subtiles, universelles, qu’il dépiaute avec bonheur, qu’il épluche avec minutie. Cette mélancolie, cet au revoir, dont les accents de vérité ne peuvent qu’émouvoir le lecteur.

Portrait de femme, de maman, face à elle-même, entre pudeurs et cris rentrés.

J’ai aimé ce roman. Car Besson est là où je ne l’attendais pas, dans la tête de cette femme qui se retrouve fort dépourvue à l’heure des au revoir. Cette journée prend au cœur, fascinante dans sa banalité, dans son universalité, dans ce basculement vers une forme de néant.

C’est un roman qui ne fait pas de bruit, qui ne sort de son chapeau qu’une infime vérité et une douce mélancolie de vivre, sans folie, mais oh combien réelle, palpable.

Autopsie d’un cœur gros comme l’amour d’une maman. Un roman, encore une fois, beau comme l’élégance des sentiments.

LE RESUME DE L’EDITEUR :

 » Elle le détaille tandis qu’il va prendre sa place : les cheveux en broussaille, le visage encore ensommeillé, il porte juste un caleçon et un tee-shirt informe, marche pieds nus sur le carrelage. Pas à son avantage et pourtant d’une beauté qui continue de l’époustoufler, de la gonfler d’orgueil. Et aussitôt, elle songe, alors qu’elle s’était juré de se l’interdire, qu’elle s’était répété non il ne faut pas y songer, surtout pas, oui voici qu’elle songe, au risque de la souffrance, au risque de ne pas pouvoir réprimer un sanglot : c’est la dernière fois que mon fils apparaît ainsi, c’est le dernier matin. « 


Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d’une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l’horizon inconnu qui s’ouvre devant elle.

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